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28 janvier 2018 7 28 /01 /janvier /2018 21:31
L'esclavage en Nouvelle-France - Partie 2 de 2
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[Suite]
L'esclavage des Blancs par les Amérindiens

Les Amérindiens pratiquaient aussi l'esclavage des blancs. Pendant plus d'un siècle à partir d'environ 1650, bon nombre de personnes furent victimes d'innombrables raids perpétués tant par les Amérindiens que par les colons américains et canadiens de l'époque. Susanna Johnson fut une de ces victimes et vécu quelques mois en 1754 avec Joseph-Louis Gill, un chef des Abénakis à Odanak près de Sorel. À la suite de sa libération, elle retrouva les siens et publia ses récits. D'autres prisonniers blancs ont été adoptés et intégrés à la tribu qui les avait capturés.

L'esclavage en Nouvelle-France

En 1848, François-Xavier Garneau a écrit, parlant du Canada principalement que La Nouvelle France n'était pas basée sur l'esclavage. De fait, l'esclavage était resté peu fréquent au Canada sous le régime français, contrairement à la Louisiane, aux colonies anglaises ou aux Antilles. La Louisiane comptait 5 000 esclaves en 1746. Près de 51 000 esclaves amérindiens seraient passés par les Carolines au début du XVIIIe siècle. En 1710, la colonie du Maryland recensait 8 000 esclaves. En 1749, New York en recensait 10 500. Quant aux Antilles, elles auraient réuni 250 000 esclaves vers 174411.

Si l'économie de la Nouvelle-France n'a pas reposé sur l'esclavage, des centaines d'esclaves ont néanmoins contribué leur labeur à l'édification de la colonie. De nombreux esclaves auront été des « prises de guerre » issues de conflits entre nations autochtones ou de raids dans les colonies anglaises, mais d'autres sont nés dans les fers.

Louisiane

Un certain nombre d'Amérindiens sont employés comme esclaves, désignés par le terme panis12, dès le début du XVIIIe siècle, malgré l'interdiction officielle. Ces esclaves sont capturés par les tribus au cours de raids et de batailles. Les Français les envoient ensuite à Saint-Domingue, dans les Antilles ou même au Canada. En Louisiane, les planteurs leur préfèrent les Africains, même si certains ont des domestiques amérindiens.

Le Code noir de 1685 est appliqué en Louisiane au XVIIIe siècle, avec quelques adaptations et de façon plus tardive qu'aux Antilles

C'est en 1717 que le ministre des finances John Law décide d'importer des esclaves noirs en Louisiane. Son objectif est alors de développer l'économie de plantation en Basse-Louisiane. La Compagnie des Indes détient le monopole de la traite dans la région. Elle fait venir environ 6 000 esclaves13 d'Afrique entre 1719 et 1743. Une partie est envoyée dans le pays des Illinois pour cultiver les champs ou exploiter les mines. L'économie de la Basse-Louisiane devient par conséquent esclavagiste.

Comme dans le reste des colonies françaises, la condition des esclaves est réglée par le Code noir. En réalité, ce dernier est peu appliqué, et les esclaves disposent d'une certaine autonomie de fait. En premier lieu, pendant les jours fériés, les esclaves cultivent un lopin qui leur permet de vendre ensuite leur production. Ensuite, certains chassent, coupent du bois ou gardent les troupeaux, loin de la plantation. Enfin, si les mariages interraciaux et les regroupements d'esclaves sont interdits, le concubinage et les réunions se pratiquent souvent dans les faits.

La vie et le travail des esclaves sont difficiles : le moment des récoltes est sans doute le plus pénible. L'entretien des canaux relève de la corvée. Les logements sont modestes et les esclaves dorment sur de simples paillasses. Ils disposent de quelques coffres et ustensiles de cuisine. La condition des esclaves dépend de la cruauté de leur maître. Lorsqu'elle est insupportable, les esclaves s'enfuient et se cachent dans les marécages ou à La Nouvelle-Orléans. Mais ce marronnage n'est souvent que temporaire et la Louisiane ne connaît pas vraiment de villages marrons comme aux Antilles. De même, les révoltes sont peu fréquentes dans cette région. Les possibilités d'affranchissement sont somme toute assez réduites : les esclaves ne peuvent acheter eux-mêmes leur liberté. Les quelques affranchis (femmes, personnes ayant servi dans l'armée) forment une petite communauté qui souffre de la ségrégation : la justice est plus sévère à leur encontre et ils n'ont pas le droit de porter d'armes.

Les esclaves contribuent à la créolisation de la société louisianaise. Ils apportaient d'Afrique le gombo, une plante qui entre dans la préparation de ragoûts. Si le Code noir exige que les esclaves reçoivent une éducation chrétienne, beaucoup gardent des pratiques animistes africaines ( amulettes, vaudou, etc.)

Abolition

L'importation d'esclaves a d'abord été interdite dans le Haut-Canada ( Ontario ), en 1793. Malgré les efforts des anti-esclavagistes de la région de Montréal, il faudra attendre jusqu'au 28 août 1833 pour que l'esclavage soit enfin aboli au Québec comme dans toutes les possessions britanniques, cette mesure du Parlement de Westminster prenant effet le 1er août 1834.

Esclaves célèbres

Bibliographie

  • Kenneth Donovan, "Slaves and Their Owners in Ile Royale, 1713-1760", Acadiensis, XXV, 1 (Automne 1995), p. 3-32.
  • David Gilles, « La norme esclavagiste, entre pratique coutumière et norme étatique : les esclaves panis et leur condition juridique au Canada ( XVIIe - XVIIIe s.) », Ottawa Law Review/Revue de droit d'Ottawa, Ottawa, 2008-2009, 40-1 : p. 73-114
  • Gilles Havard et Cécile Vidal. L'histoire de l'Amérique française, Paris : Flammarion, 731 pages ( ISBN 2-08-210045-6 )
  • Philippe Jacquin et Daniel Royot. Go West ! Histoire de l'Ouest américain d'hier à aujourd'hui, Paris : Flammarion, 2002, ( ISBN 2-08-211809-6 )
  • Brett Rushforth, « “A Little Flesh We Offer You”: The Origins of Indian Slavery in New France », The William and Mary Quarterly, 3e série, 60, 4 (octobre 2003), p. 777-808.
  • Marcel Trudel. Deux siècles d'esclavage au Québec, Montréal : Hurtubise HMH, 2004, 405 pages
  • Marcel Trudel. Dictionnaire des esclaves et de leurs propriétaires au Canada français, Montréal : Hurtubise HMH, 2004, 490 pages
  • Marcel Trudel. L'esclavage au Canada français ; histoire et conditions de l'esclavage, Québec : Presses universitaires Laval, 1960, 432 pages
  • Roland Viau. Ceux de Nigger Rock : enquête sur un cas d'esclavage des Noirs dans le Québec ancien, Outremont : Libre expression, 2003, 179 pages ( ISBN 2-89111-999-1 )
  • Jacques Viger et Louis-Hippolyte Lafontaine. De l'esclavage en Canada, Montréal : imprimé par Duvernay, frères, 1859, 63 pages

Notes

  1. ( en)Native American Slaves in New France [ archive ], Slate, 18 juillet 2016.
  2. L'histoire de l'Amérique française, page 162.
  3. Brett Rushforth, « “A Little Flesh We Offer You”: The Origins of Indian Slavery in New France », The William and Mary Quarterly, 3e série, 60, 4 (octobre 2003), p. 780-788.
  4. Le recensement de l'Acadie en 1686 révèle un noir appelé La Liberté, sans doute affranchi mais peut-être esclave. Trudel, 1960, p. 19.
  5. Kenneth Donovan, "Slaves and Their Owners in Ile Royale, 1713-1760", Acadiensis, XXV, 1 (Automne 1995), p. 3-32 [ lire en ligne [ archive ]].
  6. Trudel, 2004, p. 87.
  7. Rushforth, p. 788-789.
  8. Rushforth, p. 793-800.
  9. Rushforth, p. 777-778, 802.
  10. Trudel, 1960, p. 41, 50, 54.
  11. David Gilles, « La norme esclavagiste, entre pratique coutumière et norme étatique : les esclaves panis et leur condition juridique au Canada ( XVIIe - XVIIIe s.) », Ottawa Law Review/Revue de droit d'Ottawa, 40-1 (2008-2009), p. 78 [ lire en ligne [ archive ]]
  12. Philippe Jacquin, Daniel Royot, Go West ! Histoire de l'Ouest américain d'hier à aujourd'hui, Paris, Flammarion, 2002, ( ISBN 2-08-211809-6 ), page 52
  13. Havard G., Vidal C., Histoire de l'Amérique française, p. 242.

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